Observatoire des Risques Psycho Sociaux au sein de la Fonction Publique Territoriale Centre virtuel de ressources
13 Octobre 2014
Depuis plusieurs mois, il défend le cas d’un agent municipal dans la tourmente. Une situation qui laisse transparaître un mal-être croissant dans les couloirs de l’administration française…
Des mesures vexatoires à répétition
Sous couvert d’anonymat, compte tenu de son droit de réserve, le fonctionnaire brunoyen sort du silence après six mois d’arrêt maladie. « Il y a deux ans, à l’arrivée d’un nouveau chef de service, tout s’est dégradé. » Le cadre pointe du doigt des « humiliations publiques » pour mettre à mal son autorité dans le service, « une pression pour [le] pousser à la faute » et des mesures vexatoires à répétition. « On m’interdisait de passer des coups de fil personnels sur mon lieu de travail, on refusait de valider mes congés, on a même déplacé mon bureau individuel dans un open space où je n’avais même pas accès au téléphone », détaille-t-il. Après des demandes de mutation dans un autre service, un passage à temps partiel, une requalification dans un poste à catégorie inférieure, rien n’aboutit pour cet agent, qui affirme pourtant avoir alerté sa hiérarchie sur son mal-être. « Aujourd’hui, on me propose un arrêt longue maladie jusqu’à ma retraite (dans dix-huit mois, ndlr). C’est vrai que je ne me sens pas capable de reprendre le travail dans mon état mais j’ai l’impression de subir cette décision. »
Un audit interne ordonné par le maire
Alerté de cette situation, le maire, Bruno Gallier, qui a rencontré l’agent au printemps, met en place des actions. Il a demandé qu’un audit soit réalisé dans le service en question par sa responsable des ressources humaines. « En fonction des conclusions, je prendrai des mesures », assure l’édile, affirmant avoir déjà résolu des problèmes de management au sein de son administration il y a quelque temps. « Je m’efforce de créer des conditions de dialogue avec tous les agents, précise-t-il. En janvier, nous avons aussi signé une convention pour qu’ils puissent rencontrer, de manière anonyme, un psychologue du travail en faisant la demande au service des ressources humaines. Mais dans ce genre d’affaire, il est toujours difficile d’y voir clair rapidement. D’ailleurs, je ne crois pas que ce genre de problématique soit spécifique à la mairie de Brunoy. » Une analyse corroborée par un ancien agent de la ville, qui a aujourd’hui quitté ses fonctions. « L’attente des usagers est de plus en plus forte et la pression sur les épaules des agents municipaux ne fait que croître. Parfois, ils se sentent très seuls et réclament un soutien de leur hiérarchie, qui peine à venir. C’est une pratique qui peut être dévastatrice. Surtout quand certains guettent la moindre erreur... Mais ce problème est commun à toute la fonction publique. »
Un problème généralisé dans l’administration ?
Une autre fonctionnaire avoue avoir vécu « un an de souffrance » dans cette mairie du Val d’Yerres il y a quelques années. Avec le recul, elle parle d’une situation généralisée dans toutes les collectivités. « C’est partout pareil. On “placardise” les gens dont on ne veut plus. Sans explication, un certain nombre de mesures vous étouffe, vos collègues vous évitent comme si vous étiez devenu contagieux. Dans ce cas-là, il ne reste qu’une solution, partir très vite pour quitter cette situation qui vous détruit à petit feu. » Et la situation ne va pas aller en s’arrangeant avec la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités.