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Centre virtuel de ressources

Observatoire des Risques Psycho Sociaux au sein de la Fonction Publique Territoriale Centre virtuel de ressources

Burn-out, deux témoignages

Un article de l'Est Eclair

http://www.lest-eclair.fr/societe/stress-au-travail-ces-aubois-qui-vivent-un-enfer-ia0b0n300924

 

Alors que le gouvernement réfléchit actuellement à reconnaître ou non le burn-out comme une maladie professionnelle, deux Auboises souffrant de ce mal nous ont fait part de leur expérience.

burn out.jpg

 

J ’ai voulu en finir. » Sylvie*, 43 ans, a « toujours aimé (s)on travail ». Mais ce n’était plus le cas ces dernières années, quand elle occupait un poste de commerciale dans un organisme troyen. Stress, mal-être, harcèlement ou « burn-out », difficile de mettre un mot sur son calvaire qui a commencé en 2009, dès son embauche. « Dès mon arrivée, une collègue m’a dit : On ne sait pas pourquoi tu es là, on n’a pas besoin de toi. C’était une création de poste : je n’avais pas de bureau, on ne m’adressait pas la parole, j’ai dû me débrouiller. »

« Envie de vomir »

Des conditions de travail lamentables, une ambiance détestable au sein de son service… « J’ai craqué au bout d’un an et demi », souffle Sylvie. « J’ai demandé à ma direction de faire quelque chose, j’ai parlé à un médecin du travail. » Mais la situation ne s’arrange pas.

Alors, cette habitante de Sainte-Savine « prend beaucoup sur (elle). Je m’investissais, je proposais des activités comme des concours de galettes pour créer du lien avec mes collègues. » Mais rien n’y fait. Pire, sa vie privée s’en mêle : « En 2012, je me suis séparée de mon mari. Notamment à cause du travail. »

Dans les mois qui suivent, Sylvie va au travail « avec l’envie de vomir ». Jusqu’au jour, un vendredi matin, où elle dit « stop » : « Je suis arrivée à 7 h 30, j’ai attendu ma directrice. Quand elle est arrivée, je l’ai prévenue que je rentrais chez moi. » Le week-end passe, et Sylvie reprend son poste le lundi. « J’ai tenu trois semaines. » Finalement, son détachement à Troyes se terminant fin 2013, elle n’est pas recrutée. La fin du calvaire ? Pas encore. Car depuis, Sylvie est chez elle. Et ce n’est vraiment pas de tout repos. « Je ne dors pas, je ne fais rien. J’ai eu des idées noires mais je me bats pour mon fils de 16 ans qui vit avec moi. » D’ailleurs, elle perd toute estime de soi : « Parfois, je ne me reconnais pas. Moi qui aime sortir, faire la fête… et bien là, je n’ai envie de rien. » Aujourd’hui, cette femme n’a qu’une envie : « Trouver un nouveau travail pour tourner la page. »

Tourner la page, c’est aussi l’objectif recherché par Laëtitia*. Elle aussi, elle se dit victime d’une forme de « burn-out ». Cette psychologue travaillait encore récemment dans un établissement de santé du département, avant de se faire « licencier pendant (s)on arrêt de travail ». Presque un soulagement. Car depuis quelques années, cette habitante de Troyes ne supportait plus ses conditions de travail. « J’étais dans un bureau sans fenêtre, avec des néons diffusant une lumière intense. Dès les premiers mois, j’ai eu des migraines. » Mais ce qui l’a le plus fait souffrir, « c’est le décalage entre les valeurs et la déontologie que je défends et les pratiques de certains professionnels ». Un exemple ? « Je suis tenue par le secret professionnel. Mais en réunion, on me reprochait de ne pas partager des informations. »

Se sentant isolée, en manque de reconnaissance, souffrant de stress chronique et d’une surcharge de travail, Laëtitia « rumine ». « Je cogitais de manière obsessionnelle, je faisais des cauchemars. »

« J’ai pris douze kilos »

Alors, cette femme d’une trentaine d’années est mise en arrêt de travail. À son retour, au début de l’année, « on m’a dit que les gens ne voulaient pas travailler avec moi ».

« Ne voulant pas tomber dans la médication », Laëtitia cherche de l’aide ailleurs : psychiatre, médecin du travail, groupe de parole… « Cela m’a permis de me recentrer ». Même si, aujourd’hui, elle a décidé de « redéfinir (s)on projet professionnel », le bilan de ces années de souffrance au travail est lourd : « J’ai pris douze kilos, j’ai perdu confiance en moi… »

Alors, « pour ne pas garder cette douleur en moi, j’écrivais. Et notamment cette phrase de Sartre, qui m’a aidée : Quel que soit le cercle d’enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser. Et si les gens ne le brisent pas, c’est encore librement qu’ils y restent. De sorte qu’ils se mettent librement en enfer. »

alan mangin

 

*Les prénoms ont été modifiés

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