Observatoire des Risques Psycho Sociaux au sein de la Fonction Publique Territoriale Centre virtuel de ressources
2 Juin 2015
Sous la plume de Tessa Tcham* et avec les prises de vues In situ de Lucie Goussard** et Hanane Idihia, pour le DIM Gestes, les restitutions proposées ici ne sont pas exhaustives mais elles permettent de contextualiser une partie des propos de ces journées.
Les 6 et 7 mai 2015, le centre Pierre Naville organisait, avec le soutien du DIM Gestes, du centre d’études de l’emploi et du programme européen Marie Curie, deux journées d’étude articulées autour du thème « syndicalisme et santé au travail ». Dans une dynamique d’échanges et de débats, universitaires et acteurs de terrains se sont réunis, dans une salle comble, pour essayer de regrouper leurs connaissances et, ainsi, d’ouvrir un espace de partage et de réflexion entre intervenants et public sur les sentiers d’amélioration possibles de la prévention de la santé au travail.
Cet espace de dialogue a été pensé pour permettre la rencontre de mondes parfois fort cloisonnés : un univers académique et une sphère praticienne régis par des règles, des temporalités et des finalités propres. Mais, au-delà de la confrontation de ces deux mondes, ce fut également l’occasion d’engager des discussions au sein même de ces grands ensembles non uniformes : entre les différentes disciplines présentes (histoire, sciences politiques, sociologie, épidémiologie, droit, médecine) et parmi les divers protagonistes de l’action sur le terrain (syndicalistes de toutes organisations, inspecteurs et médecins du travail, membres de CHSCT, membres d’associations de victimes, experts, formateurs, ergonomes, juges aux prud’hommes, psychologues du travail).
Le thème central de ces journées, à savoir les modalités de l’action syndicale en matière de santé au travail, a donné lieu à six ateliers thématiques développant chacun des problématiques particulières : (1) un état des lieux sur la manière dont les syndicats s’emparent du sujet, sur leurs pratiques, leurs difficultés, leurs revendications ; (2) une discussion autour du rôle joué par le CHSCT dans le système de prévention ; (3) un débat sur la distinction entre savoirs militants et savoirs experts ; (4) un échange sur les dynamiques de négociation concernant la santé au travail ; (5) un point sur la politisation de ces débats et, pour finir, (6) une présentation de retours d’expériences sur la mise en œuvre de recherches-action.
Les débats clôturant chaque atelier ont contribué à dessiner les contours des grands enjeux structurant la question de l’appréhension syndicale de la santé au travail. Emergent ainsi, autour de la nécessité de réintroduire le travail dans les revendications syndicales, différentes interrogations : comment s’opposer à la dégradation du travail ? Quelle recomposition de la pratique syndicale face à la transformation générale du travail? Comment contrer l’individualisation et la psychologisation des souffrances et les reformuler à un niveau collectif ? Comment remettre en question l’organisation du travail ? Comment toucher les travailleurs hors de portée du syndicalisme ? Comment construire des stratégies politiques syndicales de prévention ? Comment équiper les militants ? Comment s’approprier et opérationnaliser les connaissances produites par les chercheurs ?
Par ailleurs, des inquiétudes sont venues ponctuer ces temps. En effet, face aux évolutions législatives en cours, bien des participants ont émis des craintes sur l’avenir des CHSCT et, plus largement, sur l’invisibilisation des questions de santé au travail. Deux défis majeurs pour les organisations syndicales ressortent ainsi de ces deux jours denses et riches. D’une part, il s’agit de rendre visible les mécanismes de souffrance au travail et de faire, par là même, de cette thématique une dimension sociale de première importance et, d’autre part, il importe de réinvestir l’objet travail, de susciter un processus de libération de la parole notamment en créant des lieux d’expression au travail sur le travail.
Au terme de la seconde journée, plusieurs participants confiaient repartir avec des visions étoffées par la pluralité des approches et l’éclectisme des interventions. Somme toute, ils paraissaient quitter les lieux non pas tant avec des réponses définitives à leurs interrogations de départ qu’avec une problématisation nourrie des apports des différents temps d’échange.
Concernant les suites à donner, les organisateurs, dans la lignée de l’esprit de ces journées, ont annoncé un projet de publication sous une forme encore à définir mais qui se voudra accessible au plus grand nombre.
*Texte / Tessa Tcham
Doctorante en sociologie au Laboratoire IRISSO (UMR7170 CNRS-Université Paris-Dauphine)
Lauréate DIM Gestes 2014, dont les recherches en cours portent sur « les dynamiques d’apprentissage dans les CHSCT ? La construction des savoirs des représentants du personnel dans le travail de prévention des risques professionnels ».
**Prises de vues / Lucie Goussard, co-organisatrice de l’évènement
Docteur en sociologie / Chercheure associée au CPN (Université d’Evry Val d’Essonne)
Lauréate DIM Gestes 2012
et prises photos, gracieuseté de Hanane Idihia, Doctorante au CPN.
Manifestation scientifique portée par :
Renseignements et rappel :
« Syndicalisme et santé au travail», manifestation coordonnée par Jean-Pierre DURAND,
Deux Journées d’Etudes, organisées par le CPN, Centre Pierre Naville, géré par l’Université d’Evry Val d’Essonne. Les 6 et 7 Mai 2015, dans les locaux du FIAP à Paris (75014)
Ces journées d’études visent à interroger les modalités de l’action syndicale en matière de santé au travail, que ce soit sur le plan de la négociation collective, des luttes institutionnelles ou de l’action collective. Leur ambition est non seulement d’éclairer les formes et les enjeux du syndicalisme contemporain, de produire des connaissances sur les rapports de force qui traversent le monde du travail, mais aussi d’examiner l’une des voies possibles d’amélioration de la prévention des risques professionnels, au moment où se multiplient les constats alarmistes sur la santé des travailleurs.
Démarche pluridisciplinaire (histoire, science politique, sociologie, ergonomie, gestion et droit) / échanges entre universitaires et acteurs et terrains (dont militants syndicaux, médecins du travail, experts CHSCT) / Travaux menés en France et à l’étranger et comparaison territoire francilien et autres régions françaises. Portée internationale, 120 participants attendus.
Télécharger ici : MS_2014_Présentation et programme des JE syndicalisme et santé au travail 6-7 mai 2015
l’ACTU à la UNE : gestes.net/syndicalisme-et-sante-au-travail-paris-evenement-soutenu/parue le 14 avril 2015.
http://gestes.net/syndicalisme-et-sante-au-travail-restitution-pour-le-dim-gestes/